Mutilations génitales féminines (MGF). Comprendre et agir. Aller au contenu principal
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Mutilations génitales féminines

Les mutilations génitales féminines regroupent l’excision (quand le clitoris et les lèvres internes de la vulve sont coupés) et l’infibulation (quand les lèvres de la vulve sont cousues ou collées). Ces mutilations génitales féminines sont souvent pratiquées sur des fillettes sans aucune nécessité médicale. Elles sont douloureuses et peuvent entraîner des conséquences durables sur les victimes

Mutilations génitales féminines, de quoi parle-t-on ?

Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les mutilations génitales féminines (MGF) sont des «interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales ». 

L’OMS classe les MGF en quatre types :
•    Type I « Clitoridectomie » : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et/ou du capuchon clitoridien 
•    Type II « Excision » : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des lèvres internes, avec ou sans excision des lèvres externes 
•    Type III « Infibulation » : rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les lèvres internes ou externes, parfois par suture, avec ou sans ablation du capuchon et gland clitoridien 
•    Type IV : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.

Le clitoris est un grand organe (de 8 à 10 cm) dont la majeure partie est interne. L’excision correspond à l’ablation de la partie visible ou externe c’est-à-dire le gland du clitoris. Le clitoris interne (les 6 à 8 cm du clitoris qui se trouvent à l’intérieur du corps) reste intact.
 

Source de l'illustration : clit'info | anatomie

Mutilations génitales féminines, quelles conséquences ?

Les MGF peuvent avoir des conséquences à long terme sur la santé physique mais aussi sur la vie mentale, sociale et sentimentale des victimes.

Par honte, par méconnaissance de la langue ou de leurs droits, de nombreuses victimes ne cherchent pas de soutien.

Conséquences immédiates :

  • Douleurs intenses
  • État de stress post-traumatique : peur, angoisse pouvant entraîner un état de choc
  • Hémorragies risquant d’entraîner la mort
  • Infection des plaies, risquant une septicémie (infection généralisée)
  • Rétention des urines
  • Lésions des organes voisins

Conséquences à moyen et long terme :

  • Infections urinaires, génitales
  • Calculs urinaires, neurinomes
  • Difficultés à uriner, incontinence
  • Douleurs pendant les règles
  • Douleurs au niveau de la cicatrice, kyste, abcès
  • Problèmes liés à la grossesse et à l’accouchement : travail bloqué, déchirures, fistules
  • Troubles de la sexualité : rapports sexuels douloureux (dyspareunie), manque de désir, manque de plaisir. 

Les partenaires masculins peuvent aussi être impactés physiquement dans le cas des infibulations. Il peut s’agir de blessures et d’ulcères du gland du pénis liés aux tentatives répétées de pénétration. Le partenaire masculin peut encore être touché mentalement :  il peut rencontrer des troubles de l’érection face à la douleur de la partenaire. 

Les complications à long terme varient selon le type d’excision et les suites après l’excision (infection, anémie, problème de cicatrisation…). Les excisions de type III , à cause de l’infibulation, sont celles qui entraînent le plus souvent des infections et des problèmes lors de l’accouchement. 

Les dyspareunies c’est-à-dire les douleurs pendant les rapports sexuels, peuvent être présentes si la cicatrice est douloureuse ou si un neurinome, une tumeur souvent bénigne affectant les cellules de Schwann entourant les nerfs périphériques, s'est développé.
 

Conséquences psychologiques :

Les mutilations génitales peuvent marquer une femme à vie. L’aspect traumatique de l’événement peut être refoulé dans l’inconscient par l’enfant au moment où l’acte de mutilation est posé et resurgir des années plus tard (levée d’amnésie traumatique) et s’exprimer sous différentes formes.

  • Perte de confiance dans les êtres aimés (trahison parentale)
  • Troubles du comportement
  • Anxiété, angoisse (flash-back, cauchemars)
  • Dépression – PTSD (Syndrome de stress post-traumatique)
     

Que faire face à une victime de Mutilations Génitales Féminines ?

Si on connait une femme ou une jeune fille qui a été excisée, si on craint qu’elle le soit, par exemple après un retour au pays d’origine, des associations spécialisées, comme le GAMS,  sont disponibles pour répondre à toutes les questions et offrir des conseils.

On y trouve aussi des professionnels formés pour accompagner les victimes de MGF. Cet accompagnement est à conseiller vivement !
 

Consulter le répertoire

Comment savoir s’il y a un risque d’excision ?

Le  « détectomètre », destiné aux professionnelles et aux professionnels vise à : 

  • évaluer le risque d’excision et son imminence
  • établir un protocole d’orientation
  • aider à identifier les actions à entreprendre pour protéger la fille
  • assurer un suivi d’une fille déjà excisée et de ses sœurs à risque de l’être, dans le dialogue si possible, en collaboration avec les parents et l’enfant. 

Comment savoir si une personne a subi une excision ou une ré-excision ?

Quelques indicateurs peuvent aider à identifier différentes situations relatives à une MGF. En voici la liste non exhaustive.  

Quelques éléments révélateurs d’une excision déjà pratiquée : 

  • La fille ou la femme est originaire d’un pays où l’excision est fréquente ou, plus précisément, d’une ethnie qui pratique l’excision
  • La personne a des douleurs importantes lors de ses règles menstruelles
  • Elle a une station prolongée dans les toilettes pour uriner
  • Elle contracte des infections vaginales et urinaires à répétition. 
     

Quelques éléments qui peuvent faire craindre une ré-excision : 
 

  • L’excision initiale est jugée mal faite, « pas propre », par exemple si les petites lèvres n’ont pas été complètement coupées
  • La fillette est jugée trop « exubérante », désobéissante ou curieuse
  • L’infibulation s’est rouverte peu de temps après la première infibulation ou après un accouchement. Traditionnellement, la mère est ré-infibulée pour qu’elle retrouve le même aspect qu’avant l’accouchement
  • La fille a été victime d’un viol et la ré-excision joue un rôle de « réparation ». En effet, on veut cacher le fait que la fille n’est plus vierge en l’infibulant de manière plus serrée.
     

FAQ

Questions fréquentes

Les estimations les plus récentes (UNICEF 2024) estiment que 230 millions de filles et de femmes vivent avec une mutilation sexuelle féminine et que 4 millions de filles sont à risque chaque année.

La moitié de la population concernée, soit 100 millions, vit ou est originaire de trois pays : l’Égypte, l’Éthiopie et l’Indonésie. Si la pratique est présente dans au moins 28 pays d’Afrique, elle se retrouve aussi en Asie (Indonésie, Malaisie…), dans la péninsule arabique (Yémen, Oman…), au Moyen-Orient (Irak, Iran…) et en Amérique Latine (Colombie, Pérou).

Le nombre de cas, c’est-à-dire la prévalence, diffère beaucoup selon les régions, y compris au sein même des pays. Le groupe ethnique et la région d’origine sont des facteurs déterminants.

Les raisons données varient selon les pays et les ethnies, mais aussi au sein d’une même ethnie. Aucune de ces justifications ne peut légitimer une excision.

Voici les justifications les plus fréquentes : 

  • Le respect de la coutume ou de la tradition 
    Quand on demande  « Pourquoi exciser ? » une réponse classique est : « Cela s’est toujours fait dans notre culture. Ça se fait, c’est tout. C’est naturel, c’est normal ».
  • La cohésion sociale, l’intégration sociale 
    En gros, l’excision se pratique pour être comme toutes les femmes, pour ne pas être exclue.
  • Le mariage 
    À la question « pourquoi l’excision », on vous répond souvent qu’une fille non excisée ne trouvera pas de mari. Certaines mères reconnaissent les dangers des mutilations génitales féminines, mais avouent que le risque de ne pas se marier est pire que le risque d’avoir des complications suite à l'excision. Pratiquer l’excision est, d’après elles, le meilleur choix qu’elles puissent faire pour leurs filles.
  • La virginité, la chasteté, la fidélité 
    Les mutilations génitales féminines sont vues comme un moyen de préserver l’honneur de la famille en prévenant tout désir sexuel de la jeune fille. Elles permettraient aussi d’éviter une grossesse avant le mariage.
    Dans le cadre des mariages polygames, où le mari pourrait peut-être ne pas satisfaire sexuellement l’ensemble de ses épouses et où la femme pourrait être frustrée et tentée d’avoir une relation hors mariage, les mutilations génitales féminines sont vues comme un moyen de préserver l’honneur du mari.
  • La fécondité 
    Il existe beaucoup de mythes autour de l’impact négatif du clitoris (partie externe) sur la fécondité. La pratique de l’excision serait censée accroître la fécondité et favoriser la survie du nouveau-né. Ainsi certaines communautés pensent que :
    • le clitoris atteindra la taille du pénis s’il n’est pas coupé
    • e clitoris est dangereux car il pourrait blesser l’homme pendant la pénétration et le rendre impuissant ou stérile
    • le clitoris pourrait entrainer la mort du nouveau-né s’il touche sa tête.
  • La séduction, la propreté 
    Dans les ethnies qui pratiquent l’infibulation, un sexe ouvert, béant, est considéré comme laid. Un sexe cousu et épilé est perçu comme plus hygiénique et il est censé rendre la femme plus attrayante aux yeux de son mari.
  • La pureté, la propreté 
    Tant qu’une fille n’aura pas été excisée ou infibulée, elle sera considérée comme impure et sale.  Il lui sera du coup interdit de préparer le repas ou de servir à manger.
  • La religion 
    Les mutilations génitales féminines (MGF) étaient pratiquées avant l'apparition des religions comme l'islam, le christianisme ou le judaïsme. Ni le Coran ni aucun autre texte religieux ne commandent l'excision ou l'infibulation, mais certaines communautés la pratiquent en pensant que c'est une obligation religieuse.
    Notons que les MGF perdurent parmi des communautés chrétiennes (catholiques, protestantes, coptes), juives d’Éthiopie et animistes. Ces diverses autorités religieuses ont des opinions différentes : certaines les encouragent, d’autres les considèrent comme étrangères à la religion et, d’autres encore, luttent pour leur abolition.
    En ce qui concerne l’islam, lors d’une réunion internationale à l’université d’al-Azhar au Caire en 2006, de hauts représentants sunnites se sont prononcés contre les MGF (fatwa déclarant que les MGF sont infondées en droit musulman).
    Les MGF de type 1 sont souvent dénommées « sunna » par les communautés musulmanes. « Sunna » désigne, dans l’islam, ce que Dieu considère comme bon. L’utilisation de ce terme pour parler de l’excision participe à la confusion et à l’idée que les MGF seraient une prescription de l’islam.

    On trouve ici le nombre de cas de mutilations sexuelles féminines dans le monde

  • La reconnaissance des exciseuses dans la société
    Le statut social et économique des exciseuses ne fait pas partie des justifications données. Mais on peut toutefois le considérer comme un élément favorisant la continuité de ces pratiques. En effet, les mutilations génitales féminines sont une source de revenus et de reconnaissance sociale pour les exciseuses. Elles n’ont, dès lors, pas intérêt à arrêter la pratique. De plus, le rôle d’exciseuse peut être également transmis par filiation. Il peut être attendu d’une fille d’exciseuse qu’elle devienne elle-même exciseuse, par obligation, sans que ce soit considéré comme un choix.

Législation

Ce que dit la loi

Les mutilations génitales féminines (MGF), aussi appelés excision sont strictement interdites en Belgique.

Il est illégal de pratiquer, de faciliter, de favoriser ou même de tenter de commettre toute forme de mutilation des organes génitaux d’une personne de sexe féminin, avec ou sans le consentement de celle-ci (article 409 du code pénal).  

Les peines 

Les peines prévues sont de :  

  • 3 à 5 ans d’emprisonnement pour l’infraction de base ;  
  • 8 jours à 1 an pour la tentative ;
  • Des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans si des circonstances aggravantes sont établies.

La peine peut être alourdie en cas de de circonstances aggravantes:  

  • Victime mineure
  • Séquelles physiques ou psychologiques importantes  
  • Mobile lucratif
  • Situation de dépendance ou de vulnérabilité (ex : lien d’autorité de l’auteur sur la victime - parent, médecin)  

Délai de prescription

Pour les victimes mineures : il n’y a pas délai de prescription, l’infraction peut être poursuivie à tout moment, même des années plus tard.  

Pour les victimes majeures :  

  • 5 ans en cas d’infraction simple  
  • 10 ans si une circonstance aggravante est reconnue  

Et si l’excision a lieu à l’étranger ?

Grâce au principe d’extraterritorialité, la Belgique peut poursuivre et condamner:

  • Toute personne présente sur son territoire,
  • Même si l’excision a été pratiquée à l’étranger.

Cela concerne :

  • L’auteur ou l’auteure des faits,
  • Mais aussi toute personne ayant facilité, favorisé ou organisé l’excision, y compris les parents ou proches, dès lors que la victime est mineure.

Organismes

Services professionnels

Maison Plurielle

Elle offre un suivi psychosocial à court, moyen ou long terme en respectant les choix de chacune. Accompagnées par une équipe pluridisciplinaire...

Alternatives - Soralia

AlternativeS est un service d’accueil, d’orientation et d’accompagnement pour toute personne concernée par de la violence entre partenaires (violence...

Ressources

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